Laos and Cambodia…between tough reality and outstanding culture!

Publié le par François Frou dit

21 Aout, 11h30. Mon ATR à hélice, après un vol de 2 heures, se pose sur le tarmac du minuscule aéroport de Luang Prabang, Nord du Laos. J’arrive en zone de demande de visa et, par un parfait timing, mon père, dont l’avion a atterrit quelques minutes plus tôt, est déjà en train de passer la douane. Retrouvaille, ça fait du bien de voir une personne, un membre de la famille en chair et en os, après 10 mois ! Comme avec Sam quelques semaines plutôt, le temps n’a finalement plus d’emprise et il semble que c’était hier le moment où je lui faisais un signe de main derrière la zone d’embarquement à Roissy Charles de Gaulle ! Beaucoup de choses à se raconter, bien sûr ! On ne sait pas par où commencer. Finalement, cela se décante doucement au fur et à mesure des opportunités et des discussions ! Rejoindre mon père pour des vacances au fin fond du Laos est loin d’être une situation courante mais surtout est synonyme, pour ma première fois depuis le début de ce périple, des vrais vacances ! Non en termes de repos physique (le trek s’annonce intense), mais en planification et organisation ! Qu’il est bon de se laisser porter !

Rencontre avec notre guide, Ket, et notre chauffeur, Lit, qui nous suivront tout au long de ce séjour Laotien. Très conventionnel et respectueux voir timide au début, ils ne le resteront pas longtemps…

Visite de Luang Prabang, petite ville et dernier bastion touristique avant la pauvreté et l’authenticité des montagnes du Nord.  Comme la Thaïlande et même encore plus, le bouddhisme y est omniprésent et se veut comme la religion officielle du pays malgré les résistances de l’animisme (croyance ancestrale liée aux mauvais esprits) rencontré surtout dans les régions pauvres et reculées.

Puis, c’est le départ pour une journée complète et chaotique en voiture à travers une route fréquentée par toutes formes de véhicules et de vies dans une quasi absence de règle ! Buffles traversant, chiens se prélassant, camions surchargées qui dérapent, enfants qui jouent ! Rajoutez à cela des éboulements du flan de la montagne et rendant ce faible réseau routier hors d’usage pour quelques heures, le temps que des pelles à bout de souffle viennent le dégager ! Heureusement, Lit, notre « pilote » (plus approprié que simple chauffeur) fait des merveilles et on  atteint la ville isolée et local de Oudomxay, tout au Nord, au pied des montagnes.

Le lendemain, on entre dans le vif du sujet en commençant le trek. Un guide local se rajoute au cortège déjà composé de mon père, moi et de Ket, ainsi qu’un porteur pour l’eau (portant plus de 10 kilos et effectuant le trek en tongs ( !!!), il a bien plus de mérite que nous et je lui voue un profond respect!). Ca monte pas mal et les jambes sont assez vite demandées. Mais, ce n’est pas en terme de dénivelé (de 500 mètres à 1600 mètres tout de même)  ou de condition de terrain que la difficulté se fait sentir mais surtout par le fait que le trek s’effectue les conditions proches d’un sauna ! Il fait chaud et surtout très lourd. On sue des litres à s’en liquéfier sur place !! L’eau est plus que la bienvenue et notre courageux porteur voit son chargement s’allégé rapidement.

Passé ces problèmes matériels et basiques, le trek se révèle être un magnifique enchaînement de paysages montagneux occupés en alternance par la jungle ou par les cultures de riz suivant tout le flanc des montagnes jusqu’au sommet et apportant un vert intense, presque irréel ! Entre plusieurs commentaires de Ket, le silence, entouré de ce décor grandiose, est d’or et appelle à la rêverie. Plus on monte, plus la civilisation disparait. Une pluie torrentielle nous rappelle la période de la mousson et la puissance des éléments. 

Enfin, après 6 heures de marches, on atteint le village d’arrivée, perdu dans les montagnes. Le niveau de vie est, tout de suite choquant. Pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de toilettes, un sol en terre ou boue sur lequel enfants, porcs, poulets, chiens jouent ! Les conditions d’hygiène sont inexistantes, la misère, elle, est extrême. L’arrivée de deux blancs, est directement perçu comme une attraction rare en cette période, et on se sent tout de suite envahit de regards et de doigts pointés sur nous. Au moins, on peut se dire que, là, on a réellement quitté le business touristique et sa perversion due à l’argent. Mais, cette authenticité et triste réalité de la détresse de ces gens fait mal. On ne sait plus trop où se mettre, ni comment se comporter. Malgré tout, ils ont l’air heureux de cette vie dénudée et archaïque. Un bonheur simple, candide et vite satisfait. Cela fait réfléchir…

La soirée s’enchaîne dans une paisible atmosphère. En plus des traductions de Ket, la communication passe par les regards, les rires et quelques mots en Laotiens appris à la volée. L’alcool de riz est aussi de la partie (70 degrès) et achève de casser les barrières (et de fragiliser celles de nos estomacs pauvres Français petits joueurs que nous sommes) ! Le lendemain, on s’apprête à reprendre la route. Je fais signe au chef du village de m’aider à organiser une distribution de bonbons aux enfants, peur que ces derniers se jettent dessus à la vue du paquet. Et là devant mes yeux, plus efficace que n’importe quel armée, ils se mettent en rang, attendant sagement la friandise si rare. Je reste juste scotché !!!

Je ne peux m’empêcher de comparer 3 ans auparavant lors de mes missions en Afrique noir où les marmots, pouvaient littéralement d’entretuer pour ce genre de cadeau ! Preuve que pauvreté, dignité et respect mutuel peuvent coïncider !

On redescend dans les plaines. Des pluies de papillons rencontrées, tous plus colorés les uns que les autres. On attaque les rizières. On traverse des petits torrents. On opte pour les tongs. On patauge, on glisse, on se casse la gueule. Nos guident, eux, sautillent tranquillement et se marrent bien de nos deux pieds gauches ! Arrivée pour la deuxième nuit dans un village toujours aussi authentique, mais cette fois ci bien plus riche à l’image de l’électricité par exemple. Rebelote, repas typique et rinçage à l’alcool de riz par tout le comité du village, trop heureux de voir deux blancs bourrés (je confesse, juste moi, en l’occurrence, mon père, ce vieux sage, ayant rendu les armes quelques verres plus tôt) ! On en retire un accueil chaleureux et une belle convivialité.

Le jour suivant, descente en pirogue le long du Mékong où là encore, on découvre des paysages à couper le souffle !  Puis, en passant par quelques curiosités comme des grottes ancestrales et décorées en l’honneur de Buddha, c’est le retour à Luang Prabang et à la civilisation infestée de touristes. Au moins, grâce au trek, on se dit que l’on aura pu voler quelques souvenirs réels de la vraie âme de ce pays encore un peu près préservé de l’engrenage de la mondialisation.

Mais le Laos, c’est aussi :

-          Des réels challenges culinaires : des abats de canards dans leurs sang frais, des sauterelles et abeilles grillés.

-          Une tradition indigne : dans les villages, les hommes restent à rien faire et à picoler pendant que les femmes se tuent (et je pèse malheureusement le mot) au travail.

-          Une dernière soirée hilarante au resto où Ket s’est complètement lâché !

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Lundi 27 Aout, je redécolle avec mon père pour Siem Reap, au Nord du Cambodge pour encore 5 jours à passer ensemble.

Arrivée à l’aéroport. La chaleur est franchement d’un niveau au-dessus et pas loin d’être étouffante ! Il fait bon d’atteindre la chambre climatisée de l’hôtel, pas trop mal d’ailleurs et annonçant des bonnes nuits de repos ! Mon père s’affaire déjà aux ultimes préparatifs de l’inauguration de son projet humanitaire, raison principale de sa venue en Asie pour ses vacances. Rencontres avec les relais locaux. La cérémonie est prévue pour le lendemain et inaugure donc une petite maternité rattachée à un dispensaire public déjà existant. Un aboutissement de deux ans de travail.

 Jour J. On se met sur notre 31, ou plutôt un 31 Cambodgien donc relax (polo et pantalon de toile). Histoire de ne pas accompagner mon père et les deux autres membres de l’association (le président et le secrétaire général arrivés de France) bêtement sans rien faire, je me porte volontaire pour immortaliser l’inauguration et me retrouve bardé de deux appareils photos et d’une caméra. Reste plus qu’un badge autour du coup et je pourrai presque me faire passer pour un vrai petit reporter ! L’inauguration a lieu dehors à côté du dispensaire et accueil tout le beau monde du district. Malgré un côté un peu « kitch », du chapiteau aux décorations des chaises (une des signatures des goûts Indochinois !), la cérémonie est belle, atypique et s’enchaîne parfaitement : introduction, discours, levée de la plaque, visite officielle du bâtiment, remise d’une partie du matériel médical. L’atmosphère est à la fête, mais retenue et respectueuse. On sent chez les Cambodgiens une vraie reconnaissance qui fait chaud au cœur (lorsque l’on voit les conditions de vie des populations au alentour et l’état d’urgence concernant la santé, une maternité devenait une vraie nécessité). Les 3 membres de l’association, eux, sont heureux et quelques peu soulagés que le projet est vu le jour et soit bouclé.

Petit repas festif le soir avec les membres de l’asso et les représentants Cambodgiens.

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Mais la ville de Siem Reap est également extrêmement connue pour la proximité des temples d’Angkor, une des plus belles merveilles d’Asie et vestiges de la grande civilisation Khmer ayant régnée pendant trois cent ans sur l’Asie du Sud Est, entre le 9ème et le 11ème siècle. Ces mêmes Khmers encore présent et ayant rendu les armes en 1998.

Les temples, toujours en restauration, sont maintenant ouverts aux touristes et représentent un héritage précieux et un incroyable essor pour le Cambodge !

Il est donc inconcevable de les manquer ! On se prend une journée complète pour partir à leurs découvertes. Pas assez néanmoins. En effet, la cité impériale et les temples annexes tout autour représentent une superficie de plus d’une centaine de kilomètre carré ! On se concentre sur les plus célèbres (dont le plus connu, Angkor Wat) et sur quelques plus petits, perdus dans la jungle. Jamais, je n’avais vu  des restes de civilisation aussi grandioses et impressionnantes, à comparer sans problème aux glorieuses périodes des égyptiens et de leurs pyramides ! La complexité de l’architecture, le détail des sculptures, la taille des tours et de leurs pierres utilisées, tout cela inspire à la contemplation et à l’admiration ! Pour les plus petits temples, enfouis dans la jungle, on assiste en plus à un féroce combat entre la végétation tentant de reprendre ses droits et les vénérables édifices, tentant de résister à travers les âges. Etrange et mystique…

Ainsi, avec ces quelques lignes un peu agent de voyage, et si vous aimez les grandes civilisations disparues et leurs passionnantes histoires, je finis en vous conseillant vivement le Cambodge et la cité d’Angkor !

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Jour de repos à l’hôtel et hier soir, avec un jour d’avance, l’anniversaire de mon père dans un resto et devant des danses Khmers (envoutant !). 50 ans fêtés avec un trek (loin d’être facile) au fin fond du Laos et la finalisation d’un projet humanitaire en guise de vacance ! Tu peux être fier de toi, papa !

31 Aout, jour de se dire au revoir, encore. Je m’apprête à prendre la direction de la capital, Phnom Penh, au Sud, avec mon nouveau sac, un 40 litres avec le minimum possible d’équipement. Un change de fringue, cap de pluie, mes vénérables pompes de marches et des tongs, frontal, couteau, une brosse à dent. Je ne lésine pas sur les médocs: anti palu, anti chiasse, anti bio, anti tout ! Pour l’électronique, une clef USB, un appareil photo et mon tél portable. Enfin, bien sûr, passeport, cartes de crédit et carte d’assurance. 5 kilos en tout…La liberté ultime du baroudeur…Le reste ? Tout repart en France avec mon père.

Arrivée donc dans un jour à Phnom Penh et direction certainement (on ne sait jamais vraiment à l’avance ce qui peut encore nous tomber dessus !) la Malaisie et/ou l’Inde. La durée dépendra surtout de ma forme et de ma motivation restante et ne dépassera pas mi octobre.

10 mois et demi… déjà, et me voilà donc prêt pour vivre mon ultime expérience ! Une expérience de pure et intense baroude et oublier une dernière fois  la condition matérielle, rodée et sécuritaire d’une vie en société… avant le retour à la réalité…

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See ya !

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